Un "terrible assassinat" et "des agressions qui nous ont tous marqués". C’est par ces mots que le président de la République a décrit mercredi soir le terrible drame qui s’est joué dans la nuit de samedi 18 au dimanche 19 novembre lors d’une fête de village à Crépol, dans la Drôme, durant laquelle Thomas, 16 ans, a trouvé la mort et huit autres personnes ont été blessées. Plus tôt dans la journée, plus de 6.000 personnes avaient défilé en silence à Romans-sur-Isère pour rendre hommage à l’adolescent. Une marche blanche "apolitique par respect pour la famille" avait indiqué le club de rugby de Thomas alors que depuis plusieurs jours les réactions politiques, notamment à droite et à l’extrême droite, se sont multipliées sur fond d’accélération de l’enquête.
Selon le parquet, dans la nuit de samedi à dimanche tout a commencé lorsqu’une dizaine de jeunes ont tenté de s'introduire dans la salle des fêtes de Crépol. L'un d'eux a blessé d'un coup de couteau un vigile qui tentait de le bloquer. Des participants inscrits à la soirée sont intervenus, s'en est suivie "une rixe" à l'extérieur du bâtiment. Mardi, 9 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, dans le cadre de l’enquête qui a été ouverte pour " meurtre" et "tentatives de meurtres en bande organisée". Dans un communiqué, le procureur de la République de Valence a détaillé mercredi leur profil : trois des suspects sont des "mineurs ayant plus de 16 ans" et les six autres, des majeurs. Le principal suspect du coup de couteau qui a ôté la vie de Thomas est âgé de 20 ans, habite à Romans-sur-Isère et est de nationalité française, a précisé le parquet. Depuis le drame, des partisans de droite et d’extrême droite ont multiplié les tweets et les déclarations faisant le lien entre cet acte et l’immigration.
Pour Marine Le Pen, il s’agit "d’une attaque organisée, émanant d’un certain nombre de banlieues criminogènes dans lesquelles se trouvent des milices armées qui opèrent des razzias". "C'est le révélateur d'une guerre ethnique et d'une guerre civile en gestation", a affirmé, de son côté, Marion Maréchal. Le président des Républicains (LR) Éric Ciotti a, lui, estimé que Thomas avait été "victime de l’ensauvagement de la France" : "Non, Thomas n’était pas seulement là au mauvais endroit et au mauvais moment", a-t-il écrit sur X.
Mercredi, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a dénoncé une "polémique politicienne" autour du drame et la Première ministre Élisabeth Borne a appelé chacun à la "retenue et à la décence". Le soir devant une centaine de maires qu’il recevait à l’Élysée le chef de l’État a estimé que "nous avons à affronter de plus en plus des épisodes de violences contre vous, élus de la République, mais aussi des épisodes de violences qui nous ont tous marqués". Emmanuel Macron a appelé à "ne jamais s'habituer" face aux "violences qui se réinstallent, à ce que j'ai pu qualifier de décivilisation".
Le 105e congrès de l'Association des maires de France (AMF) qui s’est ouvert lundi se déroule dans un contexte difficile pour les édiles entre lassitude, montée des violences à leur égard et exigence croissante de leurs administrés. Des habitants qui seraient également de plus en plus tentés se faire justice eux-mêmes.
Que s'est-il passé à Crépol dans la Drôme dans la nuit de samedi à dimanche ? Que sait-on des neuf suspects placés en garde à vue ? L’"autojustice" gagne-t-elle du terrain en France ?
Nos invités :
- Herve Gattegno, Directeur de la rédaction – "Radio Classique"
- Louis Hausalter, Journaliste politique - "Marianne"
- Audrey Goutard, Journaliste-spécialiste des faits de société - France Télévisions
- Soazig Quéméner, Rédactrice en chef - "La Tribune Dimanche"
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