Que se passe-t-il à Marioupol ? Selon le ministre de la Défense russe "1 026 militaires ukrainiens de la 36e brigade de marine se sont rendus" ce matin alors que la ville est assiégée depuis plus de quarante jours et que les combats se concentrent désormais dans la gigantesque zone industrielle de la ville. Dans la nuit, un reportage diffusé sur la télévision publique russe annonçait également la reddition de plus d'un millier de soldats ukrainiens dans la localité et montrait des hommes en tenue de camouflage transportant des blessés sur des brancards ou interrogés dans ce qui semble être une cave. Faux a répondu le maire adjoint de la ville. "Je comprends qu'au cours des combats, certains puissent se rendre", mais "ce que dit la propagande russe est faux, et nous ne confirmons pas cette information", a-t-il assuré à BFM-TV.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Marioupol, port stratégique ukrainien sur le littoral de la mer d'Azov, est assiégé et bombardé par les forces russes. Les habitants tentent de survivre, terrés dans des abris, privés d'électricité, d'eau, de gaz… Selon le gouverneur ukrainien de la région de Donetsk "entre 20 et 22 000 personnes sont mortes" depuis le début de l’offensive dans la ville.
Les forces russes continuent à resserrer leur étau sur Marioupol ainsi que sur l’est du pays et Joe Biden n’hésite plus à qualifier de "génocide" ce qui se passe en Ukraine. "Il est de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d'effacer l'idée même de pouvoir être un Ukrainien". "Les preuves s’accumulent" a fait valoir le président américain. Les Etats-Unis ont fait aussi état mardi d'"informations crédibles" sur la possibilité que la Russie fasse usage d'"agents chimiques" pour achever la prise de Marioupol.
Le président américain a parlé de Vladimir Poutine comme d'"un dictateur (qui) déclare la guerre et commet un génocide à l’autre bout du monde". "Je ne suis pas sûr que l'escalade des mots serve la cause", a réagi ce matin Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat qui est partisan de nouvelles sanctions contre la Russie continue par ailleurs à justifier ses nombreux échanges téléphoniques avec le président russe : "S’il ne parle plus à personne, alors on ne sait pas jusqu’où il peut aller. C’est mon obsession avec lui, je lui dis à chaque fois. Quand on entre dans le cycle de la violence, le plus dur, c’est d’arrêter. Le danger, c’est la bascule dans l’irréversible".
La politique étrangère, périmètre de compétence majeure du chef de l’État, sera également ce mercredi à l’agenda de Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement national doit présenter ce mercredi le volet international de son programme et clarifier ses positions dans un domaine où elle a multiplié les erreurs d'analyses notamment sur le pouvoir russe avec qui elle a pourtant des liens anciens et profonds. En 2017, Vladimir Poutine avait d’ailleurs apporté son soutien à la candidate d’extrême droite dans l’entre-deux tours. Le Front national, devenu le Rassemblement national, a longtemps été financé par deux emprunts auprès de banques russes. En 2022, le parti de Marine Le Pen a emprunté 10 millions d’euros auprès d’une banque de Hongrie, le plus proche partenaire européen de Moscou. De surcroit, le RN demeure opposé aux sanctions internationales imposées à la Russie après l’invasion de la Crimée en 2014. "Invasion" qu’elle contestait en 2017 lors d’une interview accordée à la chaîne américaine CNN car, assurait-elle alors, les habitants de la région se "sentaient russes". Au mois de décembre dernier, la candidate du RN expliquait également au média polonais Rzeczpospolita : "Qu’on le veuille ou non, l’Ukraine appartient à la sphère d’influence russe". Et dans son programme présidentiel, Marine Le Pen préconise une "alliance avec la Russie" dans une nouvelle "architecture de sécurité européenne".
Alors pourquoi la prise de Marioupol constitue un enjeu stratégique pour la Russie ? Quelle doit être la position de la France ? La politique étrangère est un sujet sur lequel les deux candidats du deuxième tour de la présidentielle ont beaucoup de différences. Quelles sont-elles ?
Invités :
- François Clemenceau, rédacteur en chef international - Le Journal du Dimanche
- Alain Bauer, professeur de criminologie - CNAM, auteur de "La guerre qui revient"
- Annie Daubenton, journaliste-essayiste, auteure de "Ukraine, les métamorphoses de l’indépendance"
- Christine Dugoin-Clément, chercheure en géopolitique - Université Paris I-Sorbonne, auteure de "Influences et manipulations"
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